J’ai l’intention de confronter mon univers chorégraphique à une bande sonore extraite de l’œuvre cinématographique imaginée par Bruce Lee, Game of Death. L’univers sonore tiré de ce film appartenant au cinéma d’arts martiaux est fait de bruits de coups et d’impacts sur fond de cris perçants, une forme de violence artificielle que j’envisage de détourner avec une mise en jeu à la fois corporelle et symbolique. A l’issue d’un processus de création visant à élaborer une trame dramaturgique, il en résultera un solo pensé pour être présenté dans l’espace publique : Game of Dance sera joué au cœur de la cité Beisson, le lieu où j’ai grandi ainsi qu’aux abords du Pavillon Noir, le lieu où j’ai réalisé ma première œuvre chorégraphique. Ce que je recherche, c’est faire un pas de côté pour revisiter la thématique arts martiaux/danse en touchant à des sujets universels tels que l'adaptation dans son sens le plus large. Environnementale, sociale, culturelle… le concept d’adaptation peut être requalifié avec différents adjectifs et renvoie aussi à la notion de nécessité, voire de survie. Ce sont autant d’éléments inhérents aux films d’actions hongkongais des années 1970 qui, outre leur dimension chorégraphique, racontent la vie de la classe populaire chinoise et portent un regard sur la condition de l’immigré dans son pays d’adoption. Véritables objets de la culture populaire, ces œuvres transcendent les différences et participent à l’uniformisation des références culturelles d’une génération, voire davantage. Rapprocher le public de l’œuvre, aborder des sujets touchants frontalement à l’humain, rassembler les émotions d’individus de toutes origines sociales… telles seront les grandes lignes de mon processus de création.

Adel El Shafey