Créer et s’exprimer envers et contre tout... Tout cela est vital pour moi comme pour nombre d’artistes. Celles et ceux que nous avons rencontrés en Egypte nous ont fait part de leur démarche et de leur rapport au mouvement, autant de témoignages qui résonnent avec ce que nous entendons en France. De part et d’autre de la méditerranée les rêves se ressemblent, les gestes et les formes circulent. Ce postulat renforce mon intention de créer un oeuvre chorégraphique avec une distribution franco-égyptienne. Une chose importante, nous n’apporterons pas « l’Egypte sur un plateau » avec ses clichés. Ce que je recherche, c’est repousser les limites de l’engagement des corps et proposer une oeuvre imprégnée de la fraîcheur que j’ai décelée chez les artistes que j’ai rencontrés en Egypte, mon pays d’origine. Ce que je recherche, c’est une impulsion, un élan qui servira la nécessité de livrer l’action de manière décomplexée et sans concessions. Atteindre d’autres endroits physiquement et symboliquement, c’est ce dont il est question. Car je pense que la danse permet à l’individu d’échapper à toute convention, d’être propulsé dans son propre univers avec ses propres lois. En quelques sortes, d’habiter son propre paradis. Je veux mettre en lumière cet élan qui propulse l’individu dans son propre paradis. C’est bien le sens figuré de ce mot qui m’intéresse. En gardant à l’esprit que c’est un concept subjectif dont la définition varie d’un individu à un autre, nous mettrons en jeu l’ambition d’atteindre une situation de bonheur absolu... coûte que coûte. En contrepoint, je veux aussi aborder l’insatisfaction et l’adversité qui peuvent s’immiscer dans notre quotidien. Il s’agit de greffer à la danse des actions immédiatement reconnaissables et par moments la voix des interprètes pour servir le propos. Je veux emmener le public dans un univers avec ses contours, ses propres règles et ses protagonistes. Le processus de création sera notamment articulé autour ces suppositions : le paradis serait sous nos yeux, encore faut-il le percevoir... Au final, le paradis n’est-il pas une quête sans fin plus qu’une destination ? Est-il possible de créer son propre paradis sans empiéter sur celui de l’autre ? Tout cela influencera l’écriture de cette pièce qui parlera de songe et de désillusion, qui montrera la brutalité avec laquelle la réalité peut nous rattraper.

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Adel El shafey